Venir « crier notre douleur ». Le cardinal a justifié ainsi d’entrée de jeu les raisons de ce rassemblement.

Douleur, oui, mais surtout soif de justice, je dirais. En tout cas, c’est comme ça que j’ai compris les réactions, les applaudissements lors de l’homélie. J’y reviens.
C’était une homélie autour de deux extraits bibliques plutôt bien tombés (choisis ?) : assassinat d’Abel par son frère et le Christ qui nous demande de tendre la joue droite à celui qui nous aura giflé sur la joue gauche. Ou l’inverse ?
Le cardinal a alors parlé d’une « disparition brusque et incompréhensible » d’un homme qui reconnaissait sa « petitesse devant Dieu », qui avait une « grande dévotion » pour la vierge Marie.
Cet homme qui avait consacré la journée de mercredi de chaque semaine au jeûne et à la prière, selon les confidences de sa famille au cardinal, a été « abattu d’une manière aussi ignominieuse que lâche ». Les mots ici ont leur sens.
Des mots prononcés sont donc forts. L’assistance écoute religieusement et acquiesce. Jusqu’ici pas d’applaudissements. Comme si tout ce monde venu écouter le cardinal se disait : « On y est presque, vas-y, cardinal, parle, encore, encore »
Il y avait en effet du beau monde à la messe. Des politiques aussi. De tous bords ou presque. On pouvait apercevoir bien devant Moïse katumbi, Martin Fayulu ou encore Delly Sesanga . Ce qui a d’ailleurs provoqué cette scène de l’après culte…
Présents aussi l’ancien PM Bruno Tshibala, MM. André-Alain Atundu, Richard Muyej, Patrick Nkanga et Adam chalwe (inséparables ?), Ados Ndombashi, Thomas Luhaka. Un peu plus loin, André Mbata. La liste n’est pas exhaustive.
Le cardinal continue son homélie. Dit s’inquiéter des « tournures nouvelles » de violence dans le pays et à Kinshasa. Et la mort de Chérubin Okende ne fera que renforcer la psychose déjà ambiante, je pense.
Il faudrait alors des « enquêtes justes, objectives et impartiales », espère le cardinal.
D’ailleurs, on en est où ? Le procureur près la Cour de cassation tenait un point de presse presqu’au même moment. Il a informé l’opinion que les balles tirées sur la victime provenaient de l’arme trouvée dans la voiture. L’arme du garde du corps actuellement en garde en vue…
Revenons à l’homélie du cardinal Ambongo. Surtout que ce dernier est arrivé au moment où tout le monde attendait. Son regard sur ce qui est arrivé.
Il choisit de commencer par des questionnements :
« Pourquoi toute cette violence (…) » dans le pays ?
« Pourquoi cette montée de l’intolérance ? »
Mais surtout « d’où vient cette banalisation de la vie humaine ? »
Cette dernière question, je me la pose depuis plusieurs années. Depuis quand la vie des Congolais ne comptent plus ? Depuis quand on peut tuer 2, 12, 22, 33, 44 ou 104 personnes dans l’Est sans que ça ne choque personne dans le pays ? Qu’est-ce qui nous arrive ?
Une annihilation morale collective ? Depuis quand on a cessé de s’émouvoir ? De ne pas admettre comme normales les nouvelles des meurtres, tueries, égorgements à travers le pays ? Pourquoi le pays ne s’arrête plus lorsqu’un Congolais est tué ?
Pour le cas de Chérubin Okende, dans un groupe WhatsApp, un journaliste a même eu cette formule glaçante : « Évitez de dramatiser les choses. »
Comme si un homme retrouvé ainsi tué n’était pas en soi dramatique. On en est là. Comment on en est arrivé là ?
Je reviens au cardinal, car il a donné ses « éléments de réponse », en convoquant notre « devoir de responsabilité et de respect de la dignité humaine ». Comme pour dire qu’on en est là parce que, pour nous, la vie n’est plus sacrée. C’est devenu quelque chose de banal.
Pourtant, « aucune communauté, aucune nation ne peut se construire sur le meurtre, sur l’assassinat, sur le mépris de la personne humaine et de la dignité de la personne humaine », a alors clamé le cardinal. Applaudissements. On y est vraiment. Jusqu’où va-t-il aller ?
« Un pays qui ne respecte pas la dignité humaine va tout droit dans sa ruine. » Applaudissements encore. « Aucune violence ne restera à jamais impunie. » Forts applaudissements.
N’est-ce pas que j’ai dit au début que je ressentais dans l’assistance une soif de justice ?
Mais quelle justice ? On connaît l’état de notre justice. Le chef de l’État lui-même l’a rappelé récemment. Alors, « si la justice d’ici ne s’occupe pas d’eux [ceux qui commis et commandité ce crime], la justice suprême s’en occupera ». Applaudissements. Encore et encore !
En même temps, c’est le côté délicat de cette homélie, il ne faut surtout pas répondre à la violence par la violence, a exhorté le cardinal. Rappelant la « charte de la vie chrétienne » qui appelle tout le monde à « briser la spirale de violence ». Et à pardonner.
Au final, un message de justice et d’apaisement par ces temps difficiles. Ces temps de tension et d’intolérance accrues. Le contexte politique n’aide pas. Les dynamiques sécuritaires non plus, Alors, on s’arrête et on repense Congo ?
Trésor Kibangula

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